Lorsque l’on ose s’installer devant la télévision pour regarder les programmes que les chaînes destinent aux enfants on est loin d’imaginer ce que l’on va y trouver. Vous connaissez la chaîne Gulli ? Les enfants en parlent souvent car ils y passent beaucoup de temps. Récemment j’ai décidé de faire comme eux. Le 25 février dernier j’ai suivi les programmes présentés dans la rubrique jeunesse de 9 h à 12 h. La visite vaut son pesant d’or.

Je passerai sur tous ces dessins animés d’une grande pauvreté diffusés en continu entre bandes annonces et écrans publicitaires pour m’arrêter sur l’un d’entre eux : « Sprout à craqué son slip ». Je croyais que la médiocrité avait atteint ses limites mais avec cette série québécoise au titre original tout aussi prometteur « Mon derrière perd la tête » la sidération est à son comble. De quoi s’agit-il au juste ? Le personnage principal Zack Freeman a pour meilleur ami sa propre paire de fesses Sprout. L’ambition de Zack est de combattre les méchants fessiers et de devenir le plus grand botteur de fesses du monde. Tout un programme en vérité. La première saison est constituée de 52 épisodes de 11 minutes. Au total 572 minutes de débilités affligeantes. Et ce n’est pas terminé puisque la seconde saison est en cours. Les titres des épisodes laissent rêveur : « Maître péteur en rythme, le derrière de grand-mère rigole, péter à souhait, tornade de gaz, que le meilleur pue » et j’en passe ! Or j’avoue ne pas être rassurée lorsque dans l’épisode du jour l’un des personnages se voit affublé d’une paire de fesses en guise de tête.

Ce cas outrancier nous conduit à nouveau à pointer la responsabilité des professionnels de la télévision et de leurs partenaires. Mais il nous invite aussi à nous interroger sur notre responsabilité d’adultes citoyens. Nous qui côtoyons les enfants dans leur quotidien, nous qui assumons des fonctions d’accompagnement, d’éducation, de soins, que faisons-nous devant cette atteinte à l’enfant et au monde de l’enfance ? Pourquoi fermons-nous les yeux devant ces innombrables heures d’antennes pendant lesquelles défilent des personnages grotesques portés par des scenarii aussi pitoyables les uns que les autres ?

Cessons de nous désintéresser des programmes et chaînes jeunesse, arrêtons de feindre l’ignorance. Au contraire réagissons ! Essayons de mieux connaître les univers télévisuels proposés aux enfants pour faire entendre nos voix auprès des décideurs professionnels et politiques. Faisons en sorte que l’article 17 de la Convention internationale des droits de l’enfant soit respecté. Peut-être alors pourrons-nous espérer la télévision de qualité à laquelle les enfants ont droit.

Article 17

Les États parties reconnaissent l’importance de la fonction remplie par les médias et veillent à ce que l’enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale. A cette fin, les États parties :

Encouragent les médias à diffuser une information et des matériels qui présentent une utilité sociale et culturelle pour l’enfant et répondent à l’esprit de l’article 29 ;

Encouragent la coopération internationale en vue de produire, d’échanger et de diffuser une information et des matériels de ce type provenant de différentes sources culturelles, nationales et internationales ;

Encouragent la production et la diffusion de livres pour enfants;

Encouragent les médias à tenir particulièrement compte des besoins linguistiques des enfants autochtones ou appartenant à un groupe minoritaire;

Favorisent l’élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l’enfant contre l’information et les matériels qui nuisent à son bien-être, compte tenu des dispositions des articles 13 et 18.

 

 

 

 

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