En cette période troublée par un mauvais virus qui nous contraints au confinement, parents et grands-parents s’interrogent sur l’opportunité qu’il y aurait à placer les enfants devant les écrans. D’autant que les initiatives fleurissent sur le Net. Une amie s’interroge pour sa petite fille.
Question
« En voyant cette proposition d’une maîtresse de maternelle, j’aimerais avoir ton avis. Ça semble tentant pour Alice… à part que ça l’habitue aux écrans dès maintenant. Penses-tu comme moi que c’est mieux que le parent s’en inspire surtout si la maîtresse n’est pas la sienne ? »
Réponse
« Tu as tout à fait raison, il est préférable que les parents s’en inspirent pour des activités « en réel » et concrètes avec les enfants !
Dans cette période de confinement, on a trop tendance à penser que les écrans vont remplacer tout ce que l’on peut faire dans la vie réelle ! On les utilise parfois à tort et à travers.
Cette maîtresse parle de ses petits élèves de 2 ans ½ à 4 ans. Son intention est louable et certainement bien intentionnée. Cette initiative n’en présente pas moins des risques et pose la question de sa pertinence selon l’âge de l’enfant.
Il faut rappeler qu’un enfant de 2 ans n’est pas devant l’écran « il est dans l’écran » comme me le disait une psychologue lors de mon enquête. Par ailleurs l’enfant de cet âge n’a pas encore acquis le concept de représentation. Pour que le tout-petit comprenne le cours de la maîtresse via une vidéo, il faut qu’il soit en mesure de comprendre que c’est une représentation-image de sa maîtresse. Par ailleurs il faut qu’il soit en mesure d’associer son monde en 3D et celui de l’image qui est en 2D. Or, avant trois ans, les enfants présentent ce que des psychologues américains du développement ont appelé un « déficit vidéo » (Judy S. DeLoache – Daniel R. Anderson). Ce terme ce réfère à l’observation selon laquelle les jeunes enfants apprennent mieux dans le cadre d’une relation directe, c’est-à-dire, en présentiel, que par le biais d’un écran.
À partir de trois ans sur des périodes courtes, cela commence à être possible. À condition qu’un adulte soit présent pour donner à l’enfant les explications suffisantes, s’assurer qu’il comprenne bien et que ça ne le fatigue pas trop (regarder un écran peut occasionner une grande fatigue).
Et, comme tu le signales, que se passe-t-il pour les petits élèves dont ce n’est pas la maîtresse ? Nous le savons pourtant, la relation du petit enfant à son enseignante est très affective.
En vérité n’est-ce pas beaucoup demander aux enfants en bas âge ?
Quoi qu’il en soit, oui, le risque demeure de rendre les tout-petits dépendants des écrans. Cette période est au contraire l’occasion rêvée (si je puis dire !) de faire des choses ensemble, petits et grands, d’être dans l’inter-relation et par conséquent en interaction. L’essentiel à cet âge étant de favoriser le développement de la motricité (fine et globale) et du langage dans une présence bienveillante à l’enfant.