Tik Tok, Twiter ou Threads, Snapchat, Instagram (et j’en passe !)… ces réseaux sociaux se voient concurrencés par de nouvelles applications toujours plus invasives.
Avec Instagram le jeune choisit l’image qu’il veut publier, partager. Au besoin il la transforme, lui applique des filtres, etc. Mais pour les concepteurs de Be Real, ces initiatives laissées à l’utilisateur diminueraient l’effet d’authenticité et de spontanéité. Qu’à cela ne tienne, Be Real promet d’offrir à l’adolescent l’opportunité de partager avec un groupe d’ami.es des photos avec plus de spontanéité, sans aucune retouche, à n’importe quel moment de la journée, quels que soient les lieux où ils se trouvent. Pour ce faire l’utilisateur reçoit une notification à une heure précise, mais jamais la même et il a deux minutes pour prendre une photo et la partager. Ajoutons à cela que cette photo à également la particularité d’être prise à 360°, caméra avant et caméra arrière.
Toutefois, derrière cette apparente simplicité et sincérité du partage, on ne peut évacuer les risques encore plus grands pour l’utilisateur de livrer des données très personnelles, voire sensibles, le concernant ou relatives à son entourage.
Ten Ten franchit un pas de plus en suggérant au jeune de transformer son smartphone en talkie-walkie version modernisée. Les ami.es ayant téléchargé cette application ont ainsi la possibilité de communiquer en tout lieu et à tout moment, sans avoir besoin de se connecter. Les messages audio ne nécessitent pas que l’appareil soit déverrouillé, ni même d’être décroché pour entrer en contact. Ainsi ce modèle fait fi de toutes les procédures habituelles qui permettent la communication à distance entre les individus.
Les générations précédentes des RSN se voyaient critiquer pour l’incitation à une réponse rapide, sans réflexion (messages likés, relayés, réponses impulsives) ; celle à laquelle nous avons affaire aujourd’hui se passe de toute décision préalable de la part de l’utilisateur puisque le message lui arrive sans prévenir. « Chante, crie ou chuchote… tes amis t’entendront en temps réel…. » lui promet-on sur l’appli Ten Ten.
L’intrusion dans la vie privée, voire intime de l’adolescent et de son entourage est à même de livrer des données toujours plus fines et plus précises. Cette course aux données personnelles à valeur ajoutée va hélas « à l’encontre d’une démarche de maîtrise de sa vie numérique et de choix de connexion et déconnexion… » ainsi que le mentionne Internet Sans Crainte sur sa page consacrée à Be Real.
En effet la maîtrise passe par le choix laissé à l’adolescent. Elle passe également par une conscience de tout ce qui est partagé. Au contraire de ces deux dernières applications l’adolescent livre des données sur lui-même, mais pas seulement. Ce sont les univers dans lesquels il évolue qui sont captés : familial (restreint et élargi), scolaire, travail des parents, activités sportives ou culturelles, trajets, salles d’attente des maisons médicales et autres praticiens, etc.
Cela me conduit à proposer quelques indicateurs afin d’être en mesure d’évaluer les produits numériques à destination des adolescents
Quel lancement du produit ?
- Qui en est à l’origine ?
- Comment s’adresse-t-on à l’adolescent ?
- Quels sont les arguments de vente ?
- Quelles promesses sont mises en avant ?
- Quel champ sémantique est utilisé ?
- Quels relais sur les réseaux sociaux ?
Quelle autonomie pour l’adolescent ?
- Part laissée
- à son libre arbitre
- à sa réflexion personnelle
- à sa capacité à faire des choix
- à son initiative
- Facilité et clarté du paramétrage
- Facilité de déconnexion et de désinscription ?
- Quelle place accordée à l’entourage adulte ?
Ce sont-là quelques questions qui devraient permettre aux parents et aux adolescents d’échanger entre eux autour des enjeux des réseaux sociaux numériques : intérêts, opportunités, risques…
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